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8 mars 2007

L'auberge de l'auto-apitoiement

Le malheur de se retrouver face à soi-même
Le temps de quelques heures, quelques mauvais moments
N'est contre-balancé que par la jubilation de l'auto-apitoiement.
Quel plaisir de se retrouver dans un endroit lugubre comme on le connait bien,
Et de se donner la main avec camaraderie,
Avant de, avec un sourire goguenard tordant notre bouche, lâcher notre main au pire moment,
Nous laisser tomber dans le fond, juste pour le plaisir de se trahir soi-même.
Quelle mélancolie que de se poignarder cent fois en le même lieu,
Sans jamais y réchapper.
Le rendez-vous fixé par la flagellation de ses propres sentiments,
A pour résultat un auto-dénigrement anticipé.
On se retrouve là, et on sait d'avance qu'on va pas y réchapper.
Parce qu'on est à la fois la victime future et l'assassin en puissance.
Quelle joie de ne laisser pareil larcin à aucun autre que soi-même!
Nous sommes le meilleur des jury pour notre cause : à la fois au courant des actes, et capables d'une telle pitié.
On se libérerait presque sur parole, pour peu qu'on se fasse réellement confiance!
Mais on sait qu'on a fauté, aussi sûr qu'on sait qu'il nous faut périr dans le châtiment. Nous étions là,
dans cette pantomime délabrée qu'on appelle repli sur soi.
L'auberge des sentiments mêlés, est un lieu sordide, véritable coupe-gorge, lieu de tous les crimes contre soi.
Un rire à sa face, voilà ce qu'on gagne, à se prendre en pitié.
On s'enfonce d'autant plus volontiers qu'on sait qu'on le mérite, quelque part.
Ca perd en sens, ça plie sous la logique, quand on relit, on dénie.
De toute façon, il n'y avait qu'un coquin comme nous pour s'attendre dans l'ombre et se poignarder.
On ne fixe pas rendez-vous comme ça à d'honnêtes gens pour d'honnêtes motifs. Ca cache forcément quelque chose de louche!
Mais on est jamais assez méfiant envers soi-même, alors on s'y rend, et on s'en repend.
Couic!

Il faut en finir. Quelle idée de s'en vouloir, après tout! Il y a ces moments, vous savez desquels je parle, où on s'est assez vu, en quelque sorte! On voudrait sortir du jardin voir si l'herbe ne serait pas plus verte ailleurs, mais vous savez ce que c'est, on n'a le bail que pour ce corps-ci, alors merci de patienter votre incarnation n'est pas finie!
Quand on est prisonnier d'un corps comme celui-ci, on apprend à s'en vouloir, car on regarde les autres et on y voit le mieux. On y découvre le reflet de nous-mêmes, et on apprend qu'on n'est qu'un reflet justement. Que les autres sont réels et que nous, peut-être, on a tout à apprendre et tout à envier. Qui êtes-vous? Que faites-vous? Rien, bah rien justement.
Alors on voudrait s'évader. Mais on peut jamais. On voudrait changer. Des fois on essaie, même. Mais on reste le même. Alors on se maudit. Mais on n'est pas assez pieux. Alors on s'attend de temps en temps au détour d'un chemin, et on se remonte les bretelles, on se coupe les cordons de la bourse, on se détrousse, et on se laisse exsangue au bord du chemin. Mais en tant que victime-voleur, on ne meurt jamais tout à fait. On se fait juste son petit cinéma pourri à deux balles.

On peut vraiment s'en vouloir, et vouloir remettre les pendules à l'heure, des fois! Mais est-ce qu'on avance à coup de remontrances? On se rend juste insensible à ce corps, au lieu de l'accepter.
La haine de soi est un dénigrement inutile.
La comparaison de soi à d'autres est utile si fructueuse, un calvaire si dévalorisante à répétition.
L'existence des autres est inutile à notre propre cause : on veut se développer, mais s'ils sont meilleurs, on s'en veut de ne pas l'être nous-même déjà.
Le bien-être d'autrui me pèse.
L'insouciance aussi.
Je voudrais un monde de souffrances où les heureux seraient dans des asiles.
Chaque geste au-delà de mon propre monde devrait conduire son propriétaire en prison.
Interdire les mots, s'ils me perdent.
Interdire l'espoir, s'il me rend coupable.
Interdire la comparaison, si elle me rend jaloux.
Interdire les sentiments, si on ne m'aime pas.
On devrait créer un monde où je serai seule référence.
Où ceux qui sont plus que moi, seraient en trop. Où ceux qui seraient moins, ne seraient pas assez parfaits. Où la perfection et le bon goût seraient exactement les miens, naturellement.
Qu'imaginiez-vous depuis le début? Avoir une place dans ma narration? Mais dégagez, voulez-vous! C'est un délire onanique, vous n'y avez pas d'espace, mon ego est trop gros!
Au moins quelque-chose qui résiste au temps : la conscience de soi, qui ne se perd jamais.
Est-ce qu'on souffre des autres parce-qu'ils sont importants pour nous ? ou parce-qu'ils ne devraient même pas exister dans ce monde tel qu'on l'imagine!
Olé!

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